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DU GÉNIE DU CHRISTIANISME.

s’intéressaient au dénouement du combat ; car la renommée publiait que le prix du vainqueur devait être la conversion de quelque personnage fameux. Le salut de Turenne (on parlait ainsi dans ce temps-là), le salut de Turenne était attaché peut-être à cette grande conférence ; et ne sait-on pas que la dévotion de cet illustre capitaine devint aussi fameuse que sa valeur, et que ses soldats racontaient ses actes de piété comme ses victoires ?

Mais ce n’était pas seulement au sein de la France que les esprits étaient si fort émus par ces spectacles et ces luttes théologiques. Ce goût était celui de l’Europe entière. Leibnitz et Newton, dignes tous deux de se disputer les plus belles découvertes de la géométrie moderne, s’honoraient d’inscrire leur nom parmi ceux des défenseurs du christianisme. Leibnitz en voulait réunir toutes les communions ; Newton, en éclairant les ténèbres de la chronologie, confirmait celle de Moïse. Si, par exemple, on voyait paraitre un livre tel que l’Histoire des Variations, toute la république chrétienne était émue. Rome jetait des cris d’admiration et de joie, tandis que, des bords de la Tamise et du fond des marais de la Hollande, on entendait s’élever les clameurs injurieuses du calvinisme, qui se débattait sans cesse sous les foudres de Bossuet, et qui en était sans cesse écrasé.

Aujourd’hui les plus effrayantes catastrophes nous trouvent insensibles : on foule indifféremment les débris des trônes et des empires. Alors les ruines d’un monastère, qu’avaient illustré le nom de Pascal et les