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ŒUVRES DE FONTANES.

triomphé de l’Angleterre : il entreprit contre la licence des partis une lutte non moins pénible et non moins glorieuse.

Cependant il ne voulut laisser aucun prétexte aux accusations de la calomnie. Sitôt que la paix fut signée, il remit au congrès tous les pouvoirs dont il était investi. Il ne voulut se servir, contre ses compatriotes égarés, que des armes de la persuasion. S’il n’eût été qu’un ambitieux vulgaire, il eût pu accabler la faiblesse de toutes les factions divisées, et lorsque aucune constitution n’opposait de barrière à l’audace, il se serait emparé du pouvoir avant que les lois en eussent réglé l’usage et les limites. Mais ces lois furent provoquées par lui-même avec une constance opiniâtre. C’est quand il fut impossible à l’ambition de rien usurper, qu’il accepta, du choix de ses concitoyens, l’honneur de les gouverner pendant sept années. Il avait fui l’autorité, quand l’exercice pouvait en être arbitraire : il n’en voulut porter le fardeau, que lorsqu’elle fut resserrée dans des bornes légitimes. Un tel caractère est digne des plus beaux jours de l’antiquité. On doute, en rassemblant les traits qui le composent, qu’il ait paru dans notre siècle. On croit retrouver une vie perdue de quelques-uns de ces hommes illustres dont Plutarque a si bien tracé le tableau.

Son administration fut douce et ferme au-dedans, noble et prudente au dehors. Il respecta toujours les usages des autres peuples, comme il avait voulu qu’on respectât les droits du peuple américain. Aussi, dans