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ŒUVRES DE FONTANES.

différence des opinions, de traiter avec légèreté celles d’une femme aussi respectable, qui, dans sa prison. n’a d’autres consolateurs que Dieu et sa conscience.

Si le nom de M. de Lafayette fait naître une juste pitié, celui de Madame de Lafayette excite l’admiration. Ses héroïques vertus défendent son mari contre toutes les haines et auraient dû fléchir l’empereur. Quand le prisonnier d’Olmutz sera délivré, il pourra méditer profondément sur les retours de la fortune au pied des tours du Temple où furent encore enfermées de plus grandes victimes : il y pourra faire un livre instructif à l’usage des peuples et des ambitieux mais il n’en corrigera aucun[1].



PAROLES DE BONNET.


J’étais à Genève en 1787 ; j’eus le désir de voir l’illustre Bonnet, disciple de Locke, précurseur de Condillac, auteur de l’Essai analytique des Facultés de l’Âme et des Observations sur les Corps organisés. Je le trouvai à sa maison de Genthod, placée dans une situation à la fois riante et magnifique, aux bords du

  1. Lafayette a dit dans ses Mémoires (tome V, page 157) que, lorsque Fontanes fut chargé de l’éloge de Washington, Bonaparte fit parler et parla lui-même à l’orateur pour s’assurer que le nom de Lafayette ne se trouvât pas prononcé. Fontanes, qui avait écrit la page qu’on vient de lire, n’eut pas beaucoup d’effort à faire pour entrer dans l’idée de cette omission.