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ESSAI SUR L’HOMME.

Ce vers, à ce qu’il me semble, ne m’a point été fourni par ma mémoire. Pour éviter cette ressemblance, je l’avais traduit d’une autre manière, en me rapprochant davantage de la tournure de l’original. Mais le vers qu’on a préféré dans cette édition est plus précis, et plus fait pour devenir proverbe.

Comment peut de nos peurs l’agile tapissière
Aligner, sans Newton, sa toile régulière ?


Who made the spider parallels design,
Sure as de Moivre, without rule or line ?


J’ai préféré le nom de Newton à celui de Moivre, parce qu’il est plus harmonieux et plus célèbre. Moivre était un grand géomètre, estimé de Newton lui-même. On ne peut trop admirer dans l’original ces vers sur l’araignée, et surtout ceux de la première épître :

The spider’s touch, how exquisitely fine !
Feels at each thread, and lives along the line, etc.


On a cité ces vers de l’abbé du Resnel :

Contemplez l’araignée en son réduit obscur !
Que son toucher est vif ! qu’il est prompt ! qu’il est sûr !
Sur ses pièges tendus sans cesse vigilante,
Dans chacun de ses fils elle paraît vivante.


Combien de mots inutiles, qui n’ajoutent rien à l’image, font languir cette imitation ! Le troisième vers est élégant ; mais ce dernier hémistiche, elle paraît vivante, est d’une extrême faiblesse. Tous les détails de poésie descriptive demandent beaucoup d’art et de soin : c’est là surtout que se fait sentir le charme de la difficulté vaincue, qui