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cré en décembre 1901 par une admiration universel avec ce prix Nobel dont il a généreusement fondé le prix Sully Prudhomme pour aider certaines vocations poétiques ; semblablement c’est là que l’an dernier il écoutait l’écho d’un hommage non moins définitif quand, pendant quatre mois, dans la chaire de littérature de la Faculté de Toulouse, lui fut réservé le cours officiel d’un des plus éminents professeurs de l’Université française, M. Ernest Zyromski, auteur déjà d’un livre réputé « étrange et magnifique », l’Orgueil Humain.

À ceux très rares qui peuvent l’approcher, le vieillard illustre apparaît à peu près tel que l’ont décrit jadis MM. Catulle Mendes et Jules Lemaître, à peine plus fort dans sa haute taille qu’entrave la maladie, — une main oscillant parfois et l’autre tourmentant souvent une courte pipe, — la tête aux traits délicatement réguliers, — le front ample, — des yeux presque aussi purs que des yeux de jeune femme avec une sorte d’immense désir de silence, — la barbe souple, échancrée, autrefois châtaine, maintenant striée de blancheur ainsi que les bruns cheveux soyeux et un peu longs, — la voix douce et modeste dans des intonations très lointainement chantantes. Quand la torture physique ne le crucifie point trop, il médite et travaille ; l’été, il cherche le soleil sur un banc du jardinet ; à quelques rares jours, il sort dans sa