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du Parnasse contemporain : plusieurs pièce du néophyte déjà fêté y furent insérées ; peu après (1866) Lemerre donna une nouvelle édition de ses Stances et Poèmes et publia les Épreuves ; les sonnets qui composent exclusivement ce second recueil sont peut-être les plus parfaits de toute son œuvre ; l’harmonie des compositions en égale que l’harmonie des idées qu’éclairent de nobles et neuves images (Envoi, les Danaïdes, Inquiétude, Au prodigue, Où vont-ils, La Grande Ourse, Sieste, Ether, Sur l’Eau, Hora Prima, Un Songe, les Ailes, L’épée, Chagrin d’Automne, Le Rendez-vous, etc.). L’inquiétude du mystère y fortifie la tendresse de la vie, le pessimisme philosophique incline devant l’Art, la Science et l’Amour. Connaitra-t-on jamais assez aux heures sombres son admirable Joie ?

Pour une heure de joie unique et sans retour.
De larmes précédée et de larmes suivie,
Pour une heure, tu peux, tu dois aimer la vie :
Quel homme une heure au moins, n’est heureux à son tour ?

Une heure de soleil tait bénir tout le jour,
Et, quand ta ma : | tout le jour asservie,
Une heure de tes nuits ferait encore envie
Aux morts qui n’ont plus même une nuit pour l’amour.

Ne te plains pas, tu vis ! Plus grand que misérable !
Et l’univers jaloux de ton cœur vulnérable
Achèterait la joie au même prix que lui ;