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Notre corps d’armée ne comprenait que 120 canons, tous de 75, tandis que le corps d’armée allemand, moins riche en infanterie cependant, comprenait 160 pièces dont un certain nombre sont des obusiers de 105 mm et de 15 cm. Il en était de même de notre artillerie lourde d’armée, notablement inférieure, par le nombre et le calibre des pièces, à l’artillerie lourde allemande. Malgré toutes ses vertus, notre excellent 75 ne pourra compenser, notamment dans l’offensive, ces insuffisances de chiffres, de calibres, et son incapacité de tir courbe. Dans la défensive, par ses puissants tirs de barrage, il nous rendra les plus grands services, en brisant implacablement de formidables attaques de l’ennemi ; mais faudrait-il, pour pouvoir soutenir avantageusement cette tactique, qu’il ait derrière lui de sérieux approvisionnements de munitions. Il ne dépassait pas en fait 1500 coups par pièce et les fabrications de gargousses étaient très faiblement préparées. Nos services de l’aviation, des communications, présentaient également de notables insuffisances. Si le discours de M. Charles Humbert, dans l’été de 1914, avait donné le coup d’alarme, il arrivait trop tard pour pouvoir être suivi d’une amélioration de notre côté, et il pouvait être pour l’ennemi un précieux avertissement.

C’est qu’en réalité un gouvernement bien décidé à ne vouloir que la paix, et n’envisageant que la nécessité de se défendre, avait longtemps résisté aux dépenses militaires et, par là, restreint les moyens matériels de plus en plus indispensables à une armée pour mener à bien une attaque, avec