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Et si, à ces difficultés naturelles résultant de l’organisation du pouvoir, venaient s’ajouter les secousses d’une grande guerre, toujours susceptibles de mettre la solidité de l’État en cause, de quelles résistances seraient capables un semblable pouvoir comme aussi une nation tenue systématiquement à l’écart de la gestion de ses affaires, et si peu préparée à l’assurer ?

La Russie, encore dépourvue des principes sociaux et des forces morales que représentaient les organisations nationales de l’occident et du centre de l’Europe, ne devait-elle pas dans une grande lutte accuser quelques faiblesses, tel un colosse aux pieds d’argile ?

En tout cas, et heureusement pour l’alliance française, le tsar Nicolas II était un souverain d’une droiture à toute épreuve ; nous n’avions pas à douter du sens dans lequel il pousserait et maintiendrait les armées dont il disposerait, et elles étaient considérables. C’était là l’impression très nette que j’avais emportée de mes nombreux entretiens avec l’Empereur. Pendant toute la durée des manœuvres, il m’avait personnellement attaché à sa personne et les journées de manœuvres, toujours longues pour ceux qui n’y sont que spectateurs, comme c’était mon cas, avaient permis