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l’armement actuel. Seule elle rendrait le succès obtenu non seulement définitif, mais assez étendu pour amener une désorganisation profonde de l’ennemi et par là faire la victoire.

Mon passage, pendant trois ans, au 3e bureau de l’état-major de l’armée (alors dirigé par le général de Miribel) m’avait amené à connaître les dispositions prises par notre état-major pour mobiliser, concentrer, approvisionner les armées françaises dans la guerre, comme aussi les idées qui constituaient alors notre doctrine de guerre.

Devant une armée allemande supérieure par le nombre, par l’entraînement et par l’armement, le général de Miribel avait cherché, dans une étude approfondie de nos terrains de l’Est, à trouver de longues positions défensives sur lesquelles on briserait tout d’abord le flot très étendu, prévoyait-il, de l’invasion. Il avait donné à ses études une ampleur et une portée d’une valeur indiscutable. Mais, comme toute stratégie uniquement défensive, cet art de parer ou de retarder les coups par l’utilisation du terrain ne comportait pas d’indication de riposte. II était alors réservé au généralissime des armées françaises de fixer, pensait-on, le lieu et le moment où s’exécuterait cette contre-offensive, comme si un pareil