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mis en liberté, l’archevêque de Paris sera rendu à la liberté avec sa sœur ; M. le président Bonjean, M. Deguerry, curé de la Madeleine, et M. Lagarde, vicaire général de Paris, celui-là même qui vous remettra la présente lettre. La proposition a été agréée, et c’est en cet état qu’on me demande de l’appuyer auprès de vous.

Quoique je sois en jeu dans cette affaire, j’ose la recommander à votre haute bienveillance. Mes motifs vous paraîtront plausibles, je l’espère.

Il n’y a déjà que trop de causes de dissentiment et d’aigreur parmi nous ; puisqu’une occasion se présente de faire une transaction qui, du reste, ne regarde que les personnes et non les principes, ne serait-il pas sage d’y donner les mains et de contribuer ainsi à préparer l’apaisement des esprits ? L’opinion ne comprendrait peut-être pas un tel refus.

Dans les crises aiguës comme celle que nous traversons, des représailles, des exécutions par l’émeute, quand elles ne toucheraient que deux ou trois personnes, ajoutent à la terreur des uns, à la colère des autres et aggravent encore la situation. Permettez-moi de vous dire, sans autres détails, que cette question d’humanité mérite de fixer toute votre attention dans l’état présent des choses à Paris.

Oserai-je, Monsieur le Président, vous avouer ma dernière raison ? Touché du zèle que la personne dont je parle déployait avec une amitié si vraie en faveur de M. Blanqui, mon cœur d’homme et de prêtre n’a pas su résister à ses sollicitations émues, et j’ai pris l’engagement de vous demander l’élargissement de M. Blanqui le plus promptement possible. C’est ce que je viens de faire.

Je serais heureux, Monsieur le Président, que ce que je sollicite ne vous parût point impossible ; j’aurais rendu service à plusieurs personnes et même à mon pays tout entier.

Veuillez agréer, etc.

Signé : G. Darboy, archevêque de Paris.


Versailles, le 15 avril 1871.
Monsieur Flotte,

J’ai écrit à Monseigneur l’archevêque, sous le couvert de M. le directeur de la prison de Mazas, une lettre qui lui sera par-