Page:Fleury - Marivaux et le Marivaudage, 1881.djvu/344

Cette page n’a pas encore été corrigée

aisant, la mettre un peu en goût d'être du bel air avec moi, je n'aurai point de régiment à acheter, mais j'aurai quelque payement à faire, et tout m'est bon : je glanerai ; ce qui viendra, je le prendrai.

MADAME LÉPINE

Soit ; je glisserai à tout hasard quelques mots en votre faveur. À l’égard de votre papier, faites-lui votre commission vous-même, puisque la voilà qui vient ; et puis, partez pour rejoindre votre maître.

LA RAMÉE

Vous allez voir mon aisance.


Scène V

MADAME LÉPINE, LA RAMÉE, CATHOS


CATHOS

Nous sommes revenues ; et Madame la Marquise s'est arrêtée dans le jardin. Vous avez donc encore du monde ?

MADAME LÉPINE

Oui, c'est Monsieur de la Ramée qui m'apporte un billet que Monsieur le Chevalier avait oublié de me donner.

LA RAMÉE, saluant Cathos.

Et il m'en reste encore un dont l'objet de mes soupirs aura, s'il vous plaît, la bonté de me défaire.

CATHOS, saluant.

Est-ce moi que Monsieur veut dire ?

LA RAMÉE

Et qui donc, divine brunette ? Vous n'ignorez pas l'objet que j'aime !

CATHOS, riant niaisement.

Je me doute qui c'est, par-ci, par-là.

MADAME LÉPINE, riant.

Ha, ha, ha, courage !… Mons de la Ramée est un illustre au moins, un garçon très couru.

LA RAMÉE, à Cathos.

Et ce garçon si couru, c'est vous qui l'avez attrapé.

CATHOS

Je ne cours pourtant pas trop fort ; et vous me contez des fleurettes, Monsieur.

LA RAMÉE

Oh ! palsambleu, beauté sans pair, vous avez lu dans mes yeux que je vous adore, et je requiers de pouvoir en lire autant dans les vôtres.

CATHOS

Ah ! dame ! il faut le temps de faire réponse.

LA RAMÉE

Vous m'avez promis dans un regard ou deux que je n'attendrais pas, et je suis impatient. C'est ce que vous verrez dans cette petite épître qui vous entretiendra de moi jusqu'à mon retour, et que je n'ai pu qu'adresser à Mademoiselle, Mademoiselle en