Page:Fleury - Littérature orale de la Basse-Normandie.djvu/74

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
50
LITTÉRATURE ORALE

possédée. Avant d’être ordonné prêtre, tu as séduit une jeune fille et tu l’as rendue mère.

— Il y a vingt ans de cela. J’en ai fait pénitence.

— Dieu ne t’a pas pardonné. Je ne t’obéirai pas.

Force fut d’aller chercher un autre prêtre. Beaucoup refusèrent, craignant de voir mettre au jour leurs fautes cachées. Un vénérable vieillard se décida. Il arrive et prononce la formule connue. Tout le monde est dans l’attente.

— Je ne t’obéirai pas, dit le diable, toujours par la bouche de la possédée.

Tu as laissé condamner un innocent. Un pauvre vieux mendiant a été accusé d’avoir volé. Tu connaissais le voleur, mais c’était ton parent, et le pauvre vieux a été puni.

— J’ai obtenu sa grâce depuis.

— Il a été gracié, mais non innocenté. Tu n’es pas digne qu’on t’obéisse.

On s’adresse au vénérable doyen de la Hague. Il s’avance en s’appuyant sur un bâton et en tremblant un peu. Il prononce la formule de l’exorcisme. On est persuadé cette fois que le diable obéira.

— Tu n’es pas digne qu’on t’obéisse. Tu as volé.