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LITTÉRATURE ORALE

garçon, passablement moulu de sa chute, est obligé de faire le reste de la route à pied.

Il y a entre Biville et Vauville une lande assez étendue qui descend en s’inclinant jusqu’au fond d’un vallon tortueusement pittoresque. De petits sentiers sillonnent cette lande ; on prétend qu’ils ont été tracés par le saint homme et que l’herbe n’a jamais repoussé là où il avait une fois posé le pied. Un jour, se trouvant las, il s’assit au bas de la lande pour se reposer, après avoir enfoncé son bâton dans le sol. — Comme j’ai soif ! s’écria-t-il. Il voulut cependant continuer son chemin, mais en retirant son bâton, il vit jaillir du trou une source d’eau vive où il put se désaltérer. On creusa un bassin à cette source, on la protégea du côté du soleil ; elle existe toujours, et les pèlerins qui reviennent de visiter à Biville la tombe du saint personnage et de râcler un peu de la poussière de son ancien tombeau en calcaire pour la mêler à la bouillie des petits enfants, ne manquent pas de venir puiser de l’eau à la Fontaine du Bienheureux, qui est toujours fraîche et passe pour jouir de propriétés miraculeuses contre toutes les maladies.

Biville est un lieu de pèlerinage très fréquenté.