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mon sillon.

caves, son front chagrin, sa bouche cerclée de plis amers. Le sourire galvanisait encore sa figure, mais ne l’éclairait plus. Chez René, au contraire, la force, l’intelligence et ce qu’on peut appeler l’aplomb de l’âme, étaient arrivés à leur plein développement, et cela se lisait dans l’expression heureuse et ferme répandue sur ses traits.

On ne saurait trop le redire après madame Swetchine : Le travail est encore ce qui use le moins la vie.

En voyant entrer René, madame Després s’était levée et s’était rapprochée de Fanny. Elle se préparait à prendre congé d’elle, quand la vieille parente s’écria gaiement :

— Allons, Fanny, exécute-toi. J’ai averti madame Després que tu as une grande nouvelle à lui annoncer.

Fanny parut contrariée, mais, prenant bravement son parti :

— Madame, dit-elle en baissant involontairement les yeux pour ne pas rencontrer le regard de Charles, je ne veux pas que vous appreniez par d’autres mon mariage avec M. Bonnelin.

Charles tressaillit, se mordit les lèvres jusqu’au sang et jeta un sombre regard à René.