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mon sillon.

mademoiselle Berthe n’a pas été consommé, justice me sera rendue, le jour s’est fait.

Ma sœur, la joie me ferait délirer.

Hier, une voiture s’est arrêtée devant le cottage, j’ai vu, ne sachant pas si je rêvais, M. Brastard en descendre, je l’ai entendu monter l’escalier, je l’ai vu entrer, se jeter à mon cou et il m’a dit : « Pardonnez-moi. »

C’était suffoquant. Quand nous avons été l’un et l’autre un peu remis de notre saisissement, il m’a tout expliqué, il m’a raconté avec détails ce qui s’est passé. Charles avait bandé les yeux et bouché les oreilles. Tournant perfidement la menace que je lui avais faite contre moi, il lui avait confié sous le sceau du secret que le mariage de mademoiselle Berthe me désespérait et qu’il venait d’apprendre, de bonne source, que je cherchais déloyalement un moyen de l’empêcher. Ce moyen, il avait feint de l’ignorer par une infernale habileté, mais il avait conseillé à M. Brastard de se tenir sur ses gardes. Quand donc je me suis présenté, hésitant, troublé, triste d’avoir à dénoncer un compatriote, un parent, l’ingénieur a maîtrisé avec peine son indignation et il m’en a voulu de tout l’intérêt qu’il me portait.