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mon sillon.

petites mines naïves ou futées. Que c’est joli l’enfance ! que c’est gracieux l’adolescence et la première jeunesse. Passé, présent et avenir étaient là en présence, et les petits incidents comiques n’ont pas manqué. Les petites faisaient les vieilles et les vieilles faisaient les jeunes. J’aimais à voir les dames appuyer leur joue couverte de poudre de riz sur la joue en fleur des blondes fillettes. J’étais tout près d’une de nos élégantes dampéroises. Que c’est laid une coquette vieillie qui essaye de se rajeunir ! Elle me faisait compassion avec son faux chignon frisé, sa taille, contournée et affaissée, son œil éteint dans un réseau de rides que la pâte ne parvenait pas à effacer. Cet œil se posait avec envie sur les tailles sveltes, sur les chevelures opulentes, sur les visages purs. Il y avait un monde de regrets dans ce regard-là. Mais nous avions quelques vieillesses dignement acceptées, dignement portées. Une sous-maîtresse faite de fer et de ficelles, guindée et horriblement prétentieuse, nous a bien un peu amusées avec ses saluts, ses révérences, ses attitudes, son étrange physionomie, où luttaient l’importance qui tend à se faire jour et la gaucherie, résultat d’une