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mon sillon.

comme je prenais congé de lui, il m’a frappé légèrement sur l’épaule.

« Nous nous reverrons, jeune homme, m’a-t-il dit avec un bon sourire, allons, courage, piochez, piochez, et n’oubliez pas nos mardis. »

Je suis parti sur cette simple parole qui, par l’accent avec lequel elle était prononcée, est tout une promesse. Tu le vois, ma chère Mélite, je ne vis encore que d’espoir, mais au moins je puis me permettre d’en vivre maintenant. Par sa position, M. Brastard peut certainement me rendre d’immenses services, et je l’ai senti, il me protégera.

Ce récit t’apporte peut-être une déception, ma sœur. Que veux-tu, je ne vole pas, je marche. Il n’y a certes pas encore de quoi chanter victoire, tu ne peux encore songer à inspirer à Tack un hurlement triomphal, mais je crois que, raisonnablement, nous pouvons nous réjouir ensemble du résultat de cette soirée. M. Brastard est un homme trop sérieux pour se laisser aller à donner à un pauvre garçon sans expérience et sans fortune un encouragement tacite à poursuivre un but qu’il lui serait impossible d’atteindre, et quand je développais mes projets,