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mon sillon.

ma chèvre Djali ne trouve plus rien à brouter dans le préau et s’amuse à regarder les nuages de l’air philosophique que tu lui connais, nos poules grelottent sous le hangar. Au dedans on se recoquille aussi. Tante Marie a transporté son rouet auprès de la cheminée, ce qui est signe de froid, Tack est accroupi près d’elle et passe son temps à essayer de happer sans trop se déranger le fil qui s’agite devant son museau. En voilà pour tout l’hiver de ce tableau tranquille, quelque peu flamand.

Tes lettres seront nos événements, je parle même pour Tack. Ce jour-là il entend sans cesse prononcer ton nom, et certainement il pense à toi, tant sa pauvre figure de chien revêt une expression pensive et sentimentale.

Ne nous les fais pas trop attendre, mon cher frère. Le jeûne, je t’en préviens, ne ferait que redoubler notre appétit, et tu ne voudrais pas nous infliger cette abstinence. Quand on vit éloigné de ceux qu’on aime, il faut bien remédier comme on peut au déplaisir de ne pas se voir. Je te désire tous les courages, et je t’aime de tout mon cœur.

Mélite.