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mon sillon.

une perle ? Reste à Damper, petite sœur, reste bonne surtout ; la bonté, vois-tu, c’est un baume répandu sur tous les cœurs souffrants, sur toutes les intelligences mécontentes, sur tous les caractères aigris. Notre vie, ma sœur, a été sévère, mais vraiment rien n’allége un fardeau comme de le porter à deux, et c’est ce que nous avons eu le bon esprit de faire. Un moment j’ai dédaigné ma vaillante petite aide ; les spéculations hardies de mon esprit m’ont absorbé et aussi mes projets d’avenir. Je croyais que tu les aurais ardemment combattus, je voyais en toi une sorte d’adversaire et dans ma sotte fierté virile je me concentrais en moi-même.

Et au lieu de l’affectueuse résistance que je redoutais je n’ai trouvé qu’un dévouement sans bornes. Sois donc désormais, ma chère Mélite, associée à toutes mes pensées, à tous mes rêves, à tous mes plans, et qu’il soit bien entendu que tu partages ma bonne ou ma mauvaise fortune. Pour qu’elle devienne bonne je crois m’apercevoir qu’il me faudra moins de force active que de force patiente. Attendre, ma sœur, être patient ! que c’est difficile à vingt-cinq ans, qu’il faut ronger son frein ! Mais, parlons de Paris.