Page:Fleuriot - Mon sillon.djvu/127

Cette page a été validée par deux contributeurs.

112
mon sillon.

commencent à trouver la jeunesse bien fiévreuse, et d’une curiosité et d’une ambition tout à fait précoces. Charles Després a sur toi l’avantage d’avoir les poches encore pleines de l’argent de son héritage. Est-ce bien un avantage ? J’ai ouï dire que cet avantage pouvait bien devenir un danger. Du reste, je suis pour mon compte si parfaitement habituée à me passer d’argent que j’ai quelque peine à reconnaître l’importance qu’on lui donne. Je puis cependant te l’avouer, mon cher René, la veille de ton départ mon fier dédain a été un peu ébranlé. Que de désirs me sont montés à la tête devant ta malle ouverte ! Que de regrets ! Tous les récits merveilleux qui ont bercé notre enfance me revenaient à la mémoire. J’aurais voulu puiser dans les tas d’or que remuait Ali-Baba dans la fameuse grotte des Quarante-Voleurs, j’aurais voulu posséder la baguette magique qui changeait les cailloux en pierres précieuses. En faisant glisser dans les encoignures ces pommes roses de pigeonnet que tu aimes et nos plus belles avelines, je me rappelais les cadeaux faits par je ne sais quelle bonne fée au prince Titi, ces noisettes à surprise qui recélaient des perles et des diamants dont il