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mon sillon.

conséquent, je l’ai généreusement abandonnée à tante Marie qui l’a pieusement placée entre les feuillets usés de son formulaire comme une image. Te voilà à jamais encadré dans ces pages saintes comme tu l’es dans son cœur plus saint encore.

J’ai fait de très-bonne grâce ce sacrifice. Tu connais notre tante, elle ne me demandera plus que deux choses : René se porte-t-il bien ? Est-il content ? Ses investigations n’iront jamais plus loin. Tu n’auras donc jamais à atténuer l’effet d’aucune confidence dans la crainte de l’inquiéter et de l’attrister.

Comme je relisais, pour la troisième fois peut-être, ce papier dont je voulais retenir le contenu, deux grands yeux brillants ont paru à la porte. C’était Tack qui n’osait pas entrer, qui restait là remuant sa grande queue noire et me regardant comme pour me dire : pardon ! Je l’ai appelé, ta carnassière n’était pas là mais j’ai employé un autre moyen. J’ai pris les deux pattes du pauvre chien, je les ai posées sur mes genoux, je l’ai regardé entre les deux yeux et j’ai crié : René. Il a frémi, il m’a regardé avec des yeux pleins d’angoisse et il s’est mis à hurler si lamentable-