Page:Fleuriot - Mon sillon.djvu/118

Cette page a été validée par deux contributeurs.

112
mon sillon.


II

René à Mélite
Paris.

J’ai à peine quitté Damper, ma chère Mélite, et voici que tu me chantes déjà une sorte de joli chant de retour qui pourrait bien aggraver la nostalgie si j’avais eu le temps de tomber malade d’une maladie quelconque. Ta bonne petite lettre qui commence comme une fanfare guerrière, finit par une sorte de ranz des vaches des plus émouvants. N’aie pas peur, je tiendrai les promesses que je t’ai faites tant de fois et tout dernièrement sous le vieux chêne qui nous prêtait son ombre. Seulement, rappelle-toi que, là comme ailleurs, j’ai entendu plutôt le langage de ton cœur que celui de ta raison, et que tout en te promettant de ne pas rester à Paris, espérant contre toute espérance, je t’ai déclaré que je voulais réussir. Il faut que je réussisse. Puisque j’ai pu, dans un moment héroïque et douloureux, briser tous les liens qui me rete-