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mon sillon.

abandonne le sans hésiter, reviens-nous, reviens-nous à temps. J’ai tant compati au sort cruel de ces malheureux poëtes, de ces jeunes savants, de ces pauvres artistes méconnus qui couraient y chercher la fortune, la gloire et qui rencontraient la hideuse misère, le sombre désespoir, quelquefois la dépravation. Mon frère, tu n’auras jamais, n’est-ce pas, le triste courage d’user tes forces et ton cœur dans la lutte que tu entreprends. Si l’industrie ne t’ouvre pas ses portes, si ton obscurité pose un obstacle insurmontable devant toi, ne te roidis pas inutilement contre l’impossible, reviens simplement vers nous, vers notre saine pauvreté, et une fois réconforté, retrempé, tu auras toute permission de prendre de nouveau ton vol, d’interroger de nouveau ce sphinx qui a nom : la Destinée.

Cela entendu, je te souhaite, mon cher René, tous les succès possibles. Tu nous reviendras millionnaire… peut-être, mais j’en suis sûre, aimant, croyant et heureux de retrouver ta vieille tante et ta petite sœur.

Mélite.