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appartenait au groupe des prêtres chassés d’Héliopolis pour cause de lèpre. [280]. Or, on voit dans les annales qu’il a vécu cinq cent dix-huit ans plus tôt162 et qu’il conduisit nos pères de l’Égypte dans le pays que nous habitons aujourd’hui. [281]. Et il n’était pas non plus affecté d’une maladie de ce genre, comme ses propres paroles le prouvent. En effet, il défend aux lépreux et de séjourner dans une ville et de résider dans un village ; ils doivent errer seuls, les vêtements déchirés. Celui qui les a touchés ou a vécu sous leur toit est, selon lui, impur. [282]. Si même, grâce aux soins apportés à la maladie, le lépreux revient à la santé, il lui prescrit force purifications : de laver ses souillures en se baignant dans des eaux de source, et de raser complètement sa chevelure ; il lui ordonne aussi de faire des sacrifices nombreux et divers avant d’entrer dans la ville sainte163. [283]. Et pourtant il eût été naturel, au contraire, s’il avait été victime de cette calamité, qu’il usât de soins prévoyants et d’humanité envers ceux qui avaient eu le même malheur. [284]. Or, non seulement il a ainsi légiféré sur les lépreux, mais ceux même dont le corps porte la moindre mutilation n’ont point le droit d’être prêtres, et si un accident de ce genre arrive à un prêtre même en exercice, Moïse lui enlève cet honneur164. [285]. Est-il probable ou qu’il ait établi sans bon sens, ou que des hommes rassemblés à la suite de semblables calamités aient accepté des lois faites contre eux-mêmes à leur honte et à leurs dépens ? [286]. Mais, de plus, Manéthôs a transformé son nom de la manière la plus invraisemblable. On l’appelait, dit-il, Osarseph. Ce mot n’a point de rapport avec celui qu’il remplace. Le vrai nom signifie : « celui qui fut sauvé de l’eau », car l’eau chez les Égyptiens se dit « Môü165 ».

[287] La preuve est assez claire, je pense  : tant que Manéthôs suivait