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qui vinrent après Moïse ont raconté l’histoire de leur temps en treize livres19. Les quatre derniers contiennent des hymnes à Dieu et des préceptes moraux pour les hommes20. [41]. Depuis Artaxerxés jusqu’à nos jours tous les événements ont été racontés, mais on n’accorde pas à ces écrits la même créance qu’aux précédents, parce que les prophètes ne se sont plus exactement succédé. [42]. Les faits montrent avec quel respect nous approchons nos propres livres. Après tant de siècle écoulés, personne ne s’y est permis aucune addition, aucune coupure, aucun changement. Il est naturel à tous les Juifs, dès leur naissance, de penser que ce sont là les volontés divines, de les respecter, et au besoin de mourir pour elles avec joie. [43]. Aussi l’on a vu déjà beaucoup d’entre eux en captivité supporter les tortures et tous les genres de mort dans les amphithéâtres pour ne point prononcer un seul mot contraire aux lois et aux annales qui les accompagnent. [44]. Chez les Grecs, qui en supporterait autant par un tel scrupule ? Même pour sauver tous leurs écrits aucun n’affronterait le moindre dommage. [45]. Car pour eux, ce sont discours improvisés suivant la fantaisie de leurs auteurs. Et cette opinion, ils l’appliquent avec raison aux historiens anciens, puisque de nos jours encore on voit des auteurs oser raconter les événements sans y avoir assisté en personne et sans s’être donné la peine d’interroger ceux qui les connaissent. [46]. Certainement sur la guerre même que nous avons eue récemment, des auteurs ont publié de prétendues histoires sans être venus sur les lieux ou s’être approchés du théâtre de l’action. Mais d’après des on-dit, ils ont réuni un petit nombre de faits, et les ont décorés du nom d’histoire avec une impudence d’ivrognes21.