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et salariés tantôt pour bâtir, tantôt pour paître les troupeaux ; d’autres enchaînés dans une prison d’airain à la manière des criminels [158] ! Est-il un homme sensé qui ne soit excité par ces contes à blâmer ceux qui les ont imaginés et à condamner la grande sottise de ceux qui les admettent ? 248 D’autres divinisent la crainte et la terreur, la rage et la fourberie ; quelle est celle des pires passions qu’ils n’aient représentée avec la nature et sous la forme d’un dieu ? Ils ont même persuadé aux cités de faire des sacrifices aux plus favorables d’entre elles. 249 Aussi ils sont mis dans la nécessité absolue de croire que certains dieux accordent les biens, et de donner aux autres le nom de « dieux qui détournent les maux »  [159]. Alors, ils s’efforcent de les fléchir comme les plus méchants des hommes par des bienfaits et des présents, et s’attendraient à subir de leur part un grand mal s’ils ne les payaient pas.


XXXV

Cela vient de ce que les Grecs n’ont pas à l’origine légiféré sur la religion.


250 Quelle est donc la cause d’une telle anomalie et d’une telle inconvenance à l’égard de la divinité ? Elle vient, je crois, de ce que leurs législateurs n’ont pas eu conscience à l’origine de la véritable nature de Dieu, et que, même dans la mesure où ils ont pu la saisir, ils n’ont pas su la définir exactement pour y conformer le reste de leur organisation politique ; 251 comme si c’était un détail des plus négligeables, ils ont permis aux poètes de présenter les dieux qu’ils voudraient, soumis à toutes les passions, et aux orateurs de donner le droit de cité par un décret à celui des dieux étrangers qui serait utile. 252 Les peintres aussi et les sculpteurs jouirent à cet égard d’une grande liberté chez les Grecs, chacun tirant de sa propre imagination une forme, que l’un modelait dans la glaise et que l’autre dessinait. Les artistes les plus admirés se servent de l’ivoire et de l’or, qui fournissent matière à des inventions tou-