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d’après leurs imaginations, conspirer contre lui son épouse, son frère et sa fille, qu’il engendra par la tête, pour le saisir et l’emprisonner [151], comme lui-même fit son propre père.


XXXIV

Grossièreté des dieux grecs.


242 C’est à juste titre que les esprits les plus distingués ne ménagent point leurs critiques à ces histoires ; et ils trouvent ridicule aussi d’être obligé de croire que parmi les dieux ceux-ci sont des jouvenceaux imberbes, ceux-là des vieillards barbus ; que les uns sont préposés aux arts, que celui-ci travaille le fer [152], que celle-là tisse la toile [153], qu’un troisième fait la guerre et se bat avec les hommes [154], que d’autres encore jouent de la cithare [155] ou se plaisent à lancer des flèches [156] ; 243 puis d’admettre qu’ils se révoltent les uns contre les autres, et se querellent au sujet des hommes au point non seulement d’en venir aux mains entre eux, mais encore de se lamenter, et de souffrir, blessés par les mortels. 244 Et, pour comble de grossièreté, n’est-il pas inconvenant d’attribuer des unions et des amours sans frein presque à tous les dieux des deux sexes ? 245 Ensuite, le plus noble d’entre eux et le premier, le père lui-même, après avoir séduit des femmes par la ruse et les avoir rendues mères, les voit, d’un œil tranquille, emprisonner ou noyer ; et les enfants issus de lui, il ne peut ni les sauver, soumis qu’il est au destin, ni supporter leur mort sans pleurer. 246 Voilà de belles choses ; d’autres qui suivent ne le sont pas moins, comme l’adultère auquel les dieux assistent au ciel avec tant d’impudence que quelques-uns avouent même qu’ils envient le couple ainsi uni ; que ne devaient-ils pas se permettre quand le plus vieux, le roi, n’a pas même pu refréner son désir de posséder sa femme, ne fût-ce que le temps de gagner sa chambre à coucher [157] ? 247 Et les dieux en esclavage chez les hommes,