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NOTES.

j’ai écrit le Ier acte. » Rapidement achevé, le manuscrit est présenté à Carvalho, directeur du Vaudeville. Commencent alors les enthousiasmes, les hésitations, les corrections motivées ou non : « Carvalho, jusqu’à présent, est charmant. Son enthousiasme est même si fort que je ne suis pas sans inquiétude. » Peu à peu, en effet, Carvalho se dérobait : « Quant à moi, quant au Sexe faible, ledit Carvalho est refroidi et aime mieux jouer d’abord une autre pièce de votre serviteur (seul !), laquelle pièce n’est pas encore finie. » (Correspondance, IV, p. 180.) « Ce n’est pas pour le roi que j’ai été à Paris, mais pour Carvalho, qui n’a rien de royal. Ledit sieur, après six mois de réflexion, voulait me faire fondre en un acte l’acte second et le troisième du Sexe faible. Je l’ai envoyé promener carrément, et il a fini par m’avouer « que j’avais raison ». Le fond de l’histoire est qu’il désire jouer d’abord le Candidat, mais le Candidat n’est pas prêt. » (Correspondance, IV, p. 181.)

Flaubert, fatigué des hésitations de Carvalho, lui retire son manuscrit pour le remettre à Duquesnel. Nouvel échec. « Je vous plains d’avoir affaire à Duquesnel. Il m’a fait remettre le manuscrit du Sexe faible par l’intermédiaire de la Direction des théâtres, sans un mot d’explication, et dans l’enveloppe ministérielle se trouvait une lettre d’un sous-chef, qui est un morceau ! je vous la montrerai. C’est un chef-d’œuvre d’impertinence ! On n’écrit pas de cette façon-là à un gamin de Carpentras apportant un vaudeville au théâtre Beaumarchais.

« C’est cette même pièce, le Sexe faible, qui, l’année dernière, avait enthousiasmé Carvalho. Maintenant personne n’en veut plus, car Perrin trouve qu’il serait inconvenant de mettre sur la scène des Français « une nourrice et un berceau ». Ne sachant qu’en faire, je l’ai portée au théâtre de Cluny.

« Ah ! que mon pauvre Bouilhet a bien fait de crever ! Mais je trouve que l’Odéon pourrait marquer plus d’égards pour ses œuvres posthumes. » (Lettre à G. Sand, voir Correspondance, IV, p. 216.)

Le Sexe faible est présenté à Cluny. Nouvel enthousiasme, nouvelles hésitations, nouvelles colères : « Alors je l’ai porté à Cluny. Or le directeur de cette boîte m’a répondu, quarante-huit heures après, qu’il trouve cette pièce « parfaite » et compte avoir avec elle un grand succès d’argent. Il me parle d’engagements superbes. Il veut séduire à prix d’or, pour jouer le rôle d’une cocotte, Mme *** (qui en est une autre cocotte, moi pas la connaître). Je vous jure que je ne me monte pas le bourrichon, ayant de l’expérience, hélas ! Cependant qui sait ?

« D’après ce que m’écrit le susdit directeur, le Sexe faible serait joué en octobre et les répétitions commenceraient en septembre. » (Lettre à Mme Roger des Genettes, voir Correspondance, IV, p. 219.)

« À propos de pièces, je vais derechef m’exposer aux injures de la populace et des folliculaires. Le directeur du théâtre de