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THÉÂTRE.

Monsieur Varin des Ilots.

J’en ai le droit ! Vous cherchiez, sans doute, à faciliter vos désordres en me proposant chez vous un logement ? Tenir compagnie à Madame, pour favoriser les escapades de Monsieur, joli rôle !

Paul, avec énergie.

Pouvez-vous croire !…

Monsieur Varin des Ilots.

Pourquoi pas ? un homme capable d’une telle faiblesse !… (Haussant les épaules.) Je comprends une amourette, parbleu ! un caprice ; je ne suis pas une vierge, mais on devrait mourir de honte quand on se laisse subjuguer par une donzelle, au point de lui sacrifier l’estime publique et les devoirs de sa position… Moi qui vous parle, Monsieur, durant ma longue carrière…

Paul, l’interrompant.

Oh ! tous les blâmes possibles sont moins forts, pour me ramener chez moi, que mes propres dégoûts et la lassitude où je suis.

Monsieur Varin des Ilots.

Mais ces dégoûts, Monsieur, vous les promenez en carrosse.

Paul, exaspéré.

Le carrosse ! c’est ce qui m’a perdu, le carrosse !

Monsieur Varin des Ilots.

Que voulez-vous dire ?

Paul.

Que je quitterais cette femme dès ce soir, si je n’étais pas enchaîné ici par mes dettes… (montrant la