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Dominique, pleurant.

Mon pauvre maître ! Enfin je vous retrouve. Les larmes m’en coulent comme la pluie le long du tronc, du corps c’est-à-dire. Je ne peux vous serrer dans mes bras. On a beau me couper les rameaux, ça repousse. Je voudrais tant vous embrasser ! Maudite gourmandise, c’est elle qui a tout fait !

En baissant le menton, il mange une prune sur son épaule,
et se remet à pleurer.

Ah ! mon Dieu, mon Dieu !

Paul et Jeanne, ensemble.

Grâce pour lui, bonne Fée !

La Reine, à Paul.

Puisque tu l’aimes, soit !

Aussitôt les deux branches disparaissent. Dominique a des bras. Dans le mouvement de sa chevelure qui frissonne, le nid tombe de sa tête, des œufs s’écrasent par terre et un oiseau s’envole.

La Reine des fées, à Dominique.

Mais tu iras…

Dominique.

Oh ! partout. Depuis que j’ai pris racine, je ne demande qu’à me dégourdir.

La Reine, montrant les colonnes.

Tu iras avec ton maître, pour donner ces cœurs à tous ceux qui en manquent.

Dominique.

Volontiers !

Il considère les cœurs suspendus et se gratte l’oreille.

Mais… vu la quantité, nous allons avoir une cargaison d’une lourdeur… !