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Paul.

Oh ! oui, oui, je te crois ! Je savais bien quelle destinée m’était promise. Malgré tous les obstacles, je n’en ai jamais douté… Et tout à l’heure sous le marbre qui m’enfermait, j’en avais l’espoir, l’impatience et l’angoisse ! Partons ! Emmène-moi ! Les Gnomes sont vaincus, laissons la terre !

Jeanne.

Je vais te conduire dans un pays tout bleu, où les fleurs, comme les amours, sont éternelles et démesurées. Là, mon bien-aimé, les orages ne soufflent pas ; l’immensité tiendra dans nos cœurs, et nos yeux, toujours se contemplant, auront la lumière et la durée des étoiles !

Paul, étreignant Jeanne.

Ah ! délices de mon âme, elle commence déjà l’éternité de notre ivresse !


Scène III.

PAUL, JEANNE, LA REINE DES FÉES.
La Reine des fées, qui depuis le milieu de la scène précédente
est descendue lentement du fond, survenant entre eux deux.

Non ! pas encore !

Paul, indigné.

Toi, la Reine des Fées ! Mais tu m’avais promis…

La Reine.

As-tu donc oublié notre convention ? Tu n’as ac-