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Paul, toujours immobile, répète trois fois lentement.

Jeanne ! Jeanne ! Jeanne !

Tous les Gnomes épouvantés se lèvent sur leurs sièges.
Le Roi.

Ah ! malédiction !

À ce moment, Jeanne, en laitière, se trouve debout sur le piédestal,
dans les bras de Paul et l’étreignant étroitement.
Les gnomes.

Regardez ! regardez !

Le Roi.

À moi, mes valets, mes soldats, mes bourreaux ! tout le monde ! à moi, au secours !

Une foule de Gnomes apparaît de tous côtés, se précipitant dans la salle. La statue, peu à peu, a changé de couleur, et le piédestal s’est abaissé, si bien que le groupe est maintenant au niveau du plancher.

Paul, tenant Jeanne sur son bras gauche, tire son épée.

Vous êtes vaincus, misérables !

Un large éclair sillonne le ciel au fond ; et dans un éclat de tonnerre, avec un cri immense de la foule, la table et les Gnomes, tout s’abîme sous le sol et disparaît. Les lampes s’éteignent. Les cœurs suspendus se mettent à flamboyer, les colonnes du fond s’écroulent à demi, et l’escalier ne fait plus qu’un monceau de ruines.


Scène II.

PAUL, JEANNE.
Paul.

C’est toi ? c’est bien toi ? M’as-tu pardonné ?

Jeanne.

Monsieur Paul…