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vous ne voulez pas, refusez avec politesse ! du calme ! de l’astuce !

Paul.

Eh ! je ne crains rien ! À mesure que je me rapproche du but, il se fait des lumières dans mon esprit. Et vous qui m’apparaissez maintenant sous la figure d’une reine au milieu d’épouvantes et de somptuosités, vous n’êtes rien autre chose que cette même femme qui a déjà voulu m’arrêter par d’absurdes élégances, et qui plus tard a tâché de me séduire avec les charmes d’un bonheur vulgaire. Ah ! je vous connais.

Jeanne, à part.

Malheureuse ! à moitié seulement, et pour m’exécrer davantage.

Paul.

Car vous n’êtes, avouez-le donc ! que l’instrument des génies funestes ! Mais je ne succomberai pas plus sous votre puissance que je n’ai été vaincu par les autres tentations ! Accumulez les obstacles ! Ma volonté est plus solide que vos citadelles et plus fière que vos armées.

Jeanne.

Insensé !

Appelant.

Les nègres ! les nègres !

Arrivent quatre nègres avec des poignards. — Aux deux premiers.

Approchez, vous deux !… Tirez vos poignards.

Ils marchent sur Paul et Dominique en levant leurs longs coutelas. Paul reste impassible ; Dominique est presque évanoui de terreur. Froidement.

Tuez-vous !

Les deux nègres tremblent et hésitent.