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Scène VIII.

JEANNE, LE ROI DES GNOMES.
Jeanne, avec emportement.

Délivre-le ! délivre-le donc, ou je vais moi-même…

Le Roi.

Prends garde !

Jeanne.

Mais c’est par ta faute qu’il se trouve là, et que je l’ai perdu encore une fois !

Le Roi.

Par la tienne !

Jeanne.

Ah ! non content de m’avoir trompée !…

Le Roi.

Je ne t’ai pas trompée ! Je puis te donner tout ce que tu demandes, mais il m’est impossible d’agir sur tes sentiments comme sur les siens ; choisis mieux ! À ta première réquisition, je t’ai accordé les élégances du monde et les niaiseries qu’elles comportent ; à la seconde, la simplicité bourgeoise avec son cortège de laideurs. De quoi te plains-tu ? que te faut-il ?

Jeanne, après un long silence.

Eh bien ! je vais te le dire ; car je l’ai deviné enfin, lorsqu’au milieu de la populace qui l’enchaînait, le rêve de son cœur a jailli dans une explosion d’orgueil ! Ce que je veux ? Écoute : c’est un pouvoir tellement