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Jeanne.

Apportez-le, vite !… Là ! C’est bien ! Prenez, mon ami !

Paul est entouré, tenu par les pieds et par les mains. Jeanne lui tend une tasse de bouillon, qu’on vient de lui remettre et l’approche de ses lèvres.

Buvez-moi cela, lentement.

Paul renverse la tasse d’un revers de main.

Je me moque pas mal de votre bouillon !

Tous.

Sacrilège ! — Au cachot ! au cachot ! — Dans un cul de basse-fosse !

La foule s’est ruée sur lui et on le garrotte aux poignets.
Paul.

Oui ! battez-moi ! J’aime mieux vos injures que vos applaudissements et vos supplices que vos bienfaits ! Avec vos cœurs d’esclaves et vos têtes en pain de sucre, vos grotesques costumes, vos hideux ameublements, vos occupations abjectes et vos férocités d’anthropophages…

La foule.

C’est du délire !

Paul, levant au ciel ses mains enchaînées.

Ah ! que n’ai-je, pour vous exterminer, la foudre du ciel !

Les bourgeois.

Il devient dangereux ! Un bâillon !…

On le bâillonne.
Un bourgeois.

Et à son domestique !…