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Eh bien ! eh bien !… me voilà tout habillée maintenant.

Un arbre à bracelets d’or l’accroche par le bras.

Qu’est-ce qui me retient ? Pourquoi ? Laissez-moi !…

Elle tire à elle : le bracelet vient.

Ah ! cela fait bien sur ma peau.

D’une espèce de sorbier tombe un collier de corail autour de son cou.

Qu’est-ce ?… Un collier !… Ah ! comme je suis belle ! Quel bonheur ! Je m’aime ! Je voudrais m’embrasser. Mais je rêve sans doute ?… Ce n’est pas possible ! Je vais me réveiller tout à l’heure. Où suis-je donc ?… dans quel pays ?

Chœur, dans la coulisse.

C’est le pays de la toilette,
C’est l’empire des affiquets,
Des paquets !
Des caquets !
Chez nous la beauté se complète,
La laideur prend des airs coquets.

Jeanne.

Je ne comprends pas !…

Chœur.

C’est le pays de la toilette,
C’est le triomphe, sans un pli,
Du poli,
Du joli.
Nos fleurs sont à la violette,
Et nos soupirs au patchouli.

Rasoirs, il faut en découdre !
Allons ! peignes nouveau-nés,
Cascade aux flots safranés,
Tombe ici comme la foudre,
Poudre les airs, arbre à poudre ;
Savonnette, savonnez !

Un grand bruit de tambours, de flûtes et de chapeau chinois.