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Madame Kloekher.

Plus bas !… on peut nous entendre !

Paul, regardant au fond.

Non, jusqu’à la fin du souper, personne ici ne viendra ! Nous sommes libres ! Écoutez-moi : au nom du ciel, restez !

Madame Kloekher.

Mais je reste ! Que voulez-vous ?

Paul.

Ah ! je ne me rappelle plus ! ma tête s’égare ! Je suis si heureux de vous contempler ainsi, face à face ! Tout à l’heure, quand nous étions avec les autres et que l’on s’empressait autour de vous, je me délectais à saisir ces regards, ces hommages, cette rumeur d’admiration et d’envie ; et puis, voilà qu’à présent la même foule me déplaît ! je la hais ! Vous lui donnez en passant un coup d’œil, des sourires, des paroles, presque une partie de votre personne, de votre cœur. Il me semble que la dorure de ces murailles, les argenteries, les valets, la musique, vos diamants même, sont autant de choses qui vous déguisent, vous reculent plus loin, vous séparent de moi.

Madame Kloekher.

Enfant que vous êtes ! Vous savez bien pourtant…

Silence.
Paul.

Quoi ?… Parlez !… parlez !…

Madame Kloekher.

Mais… que l’on vous préfère !