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Rousselin, furieux.

C’est un coup de pied pour l’imbécile qui fait de pareilles commissions !

Onésime s’enfuit.

Une lettre anonyme, après tout, je suis bien sot de m’en tourmenter ! (Il la froisse et la jette.) La haine de mes ennemis n’aura donc pas de bornes ! Voilà une machination qui dépasse toutes les autres ! C’est pour me distraire de la vie politique, pour me gêner dans ma candidature ; et on m’attaque jusqu’au fond de l’honneur ! Cette infamie-là doit venir de Gruchet ?… Sa bonne est sans cesse à rôder autour de la maison… (Il ramasse la lettre, et lisant.) « Que votre femme a un amant ! » On n’est pas l’amant de ma femme ! — Quels sont les hommes qui peuvent être son amant ?…

Est-ce assez bête !… Cependant l’autre soir, sous les quinconces, j’ai entendu un soufflet, presque aussitôt un baiser ! J’ai bien vu miss Arabelle ! mais sûrement elle n’était pas seule, puisque d’autre part, un soufflet ?… Est-ce qu’un insolent se serait permis envers Mme Rousselin ?… Oh ! elle me l’aurait dit ? Et puis, le baiser dans ce cas-là eût précédé le soufflet, tandis que j’ai fort bien entendu un soufflet d’abord, et un baiser, ensuite ! Bah ! n’y pensons plus ! j’ai bien d’autres choses ! Non ! non ! tout à mon affaire !

Il va pour sortir.



Scène IV.

ROUSSELIN, GRUCHET.
Gruchet.

Il n’est pas là, M. Murel ?