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leur victime, il sortit avec eux, et d’un grand coup de pied referma la porte derrière lui.

Hamilcar tendit l’oreille pendant quelques minutes, craignant toujours de les voir revenir. Il songea ensuite à se défaire de l’esclave pour être bien sûr qu’il ne parlerait pas ; mais le péril n’était point complètement disparu, et cette mort, si les dieux s’en irritaient, pouvait se retourner contre son fils. Alors, changeant d’idée, il lui envoya par Taanach les meilleures choses des cuisines : un quartier de bouc, des fèves et des conserves de grenades. L’esclave, qui n’avait pas mangé depuis longtemps, se rua dessus ; ses larmes tombaient dans les plats.

Hamilcar, revenu enfin près de Salammbô, dénoua les cordes d’Hannibal. L’enfant, exaspéré, le mordit à la main jusqu’au sang. Il le repoussa d’une caresse.

Pour le faire se tenir paisible, Salammbô voulut l’effrayer avec Lamia, une ogresse de Cyrène.

— Où donc est-elle ? demanda-t-il.

On lui conta que des brigands allaient venir pour le mettre en prison. Il reprit :

— Qu’ils viennent, et je les tue !

Hamilcar lui dit l’épouvantable vérité. Mais il s’emporta contre son père, prétendant qu’il pouvait bien anéantir tout le peuple, puisqu’il était le maître de Carthage.

Enfin, épuisé d’efforts et de colère, il s’endormit, d’un sommeil farouche. Il parlait en rêvant, le dos appuyé contre un coussin d’écarlate ; sa tête retombait un peu en arrière, et son petit bras, écarté de son corps, restait tout droit, dans une attitude impérative.