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cylindre, muni de câbles, retenait un gros timon portant une cuiller pour recevoir les projectiles ; la base en était prise dans un écheveau de fils tordus ; quand on lâchait les cordes, il se relevait et venait frapper contre la barre, ce qui, l’arrêtant par une secousse, multipliait sa vigueur.

Les secondes offraient un mécanisme plus compliqué : sur une petite colonne, une traverse était fixée par son milieu où aboutissait à angle droit une espèce de canal ; aux extrémités de la traverse s’élevaient deux chapiteaux qui contenaient un entortillage de crins ; deux poutrelles s’y trouvaient prises pour maintenir les bouts d’une corde que l’on amenait jusqu’au bas du canal, sur une tablette de bronze. Par un ressort, cette plaque de métal se détachait, et, glissant sur des rainures, poussait les flèches.

Les catapultes s’appelaient également des onagres, comme les ânes sauvages qui lancent des cailloux avec leurs pieds ; et les balistes, des scorpions, à cause d’un crochet dressé sur la tablette, et qui, s’abaissant d’un coup de poing, faisait partir le ressort.

Leur construction exigeait de savants calculs ; leurs bois devaient être choisis dans les essences les plus dures, leurs engrenages tous d’airain ; elles se bandaient avec des leviers, des moufles, des cabestans ou des tympans ; de forts pivots variaient la direction de leur tir, des cylindres les faisaient s’avancer, et les plus considérables, que l’on apportait pièce à pièce, étaient remontées en face de l’ennemi.

Spendius disposa les trois grandes catapultes vers les trois angles principaux ; devant chaque