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quelque hutte en chêne-liège de dessous laquelle ressortaient des yeux noirs brillant comme ceux des chats ; des familles entières accroupies se tenaient au milieu de la fumée sous ces maisons de trois à quatre pieds de hauteur ainsi qu’on nous représente les Hottentots ou les naturels de la Nouvelle-Zélande ; mais toutes ces cabanes n’avaient point d’eau, il fallait donc aller plus loin. Nous en trouvâmes enfin vers 1 heure de l’après-midi à Acquaviva, petit village ombragé d’une touffe de châtaigniers. Nous sommes entrés dans une maison où le bienheureux capitaine nous a fait déjeuner. Quelques charbons se trouvaient au milieu de la cuisine entre trois ou quatre pierres rangées en carré, la fumée s’en allait au ciel à travers les poutres du toit.

Nous avons été reçus par une vieille femme et par une jeune fille très jolie et fort bourrue, dont les naïvetés gaillardes nous ont fait rire encore deux heures après l’avoir quittée ; mon excellent compagnon, en se séparant d’elle, se roulait sur le perron, et sa bonne humeur l’a mis en train de me faire des confidences facétieuses pendant une partie de la route que nous avons parcourue, cette fois, l’estomac plein tout en devisant et en pantagruélisant.

Après une journée de dix heures de cheval, nous sommes arrivés à Corte. Mme Laurelli nous a reçus avec une distinction toute parisienne ; ses manières et sa figure ne sont pas de la Corse, où le beau sexe a les unes et les autres assez peu