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tractaient avec bruit, et il vous regardait tristement de ses deux gros yeux noirs ; il a voulu faire un mouvement, mais sa queue s’est heurtée contre les planches ; il s’est tourné sur le dos et nous a montré son ventre blanc, gras encore des viscosités de la mer ; il s’est levé tout droit, a appuyé ses nageoires sur le bord de la cuve, a donné un coup de son museau contre la joue de sa maîtresse, puis il est retombé au fond, en poussant un grand soufflement.

Il n’a plus ces bons flots où il vivait à son aise, ni les larges grèves où il s’étendait au soleil sur les goémons verts !

Comme il avait bien travaillé, on l’a gratifié de deux ou trois anguilles qu’il avalait lentement en les mangeant par le milieu, et les deux bouts lui sortant de la bouche faisaient de chaque côté de son museau comme deux longues moustaches blanches.

Un orgue de Barbarie qui était dans un coin s’est mis aussitôt à tourner une polka, le quinquet filait, sur l’escalier la femme appelait la foule, la représentation était terminée.

Voilà ce que nous vîmes à Rennes. Quand le phoque n’y sera plus, qu’y aura-t-il à y voir ?

FIN