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toutes sont ornées des bustes de Louis-Philippe et de Mme Adélaïde. La famille régnante actuelle a la rage de se reproduire en portraits. Elle peuple de sa figure tous les pans de murs, toutes les consoles et les cheminées où elle peut l’y établir ; mauvais goût de parvenu, manie d’épicier enrichi dans les affaires et qui aime à se considérer avec du rouge, du blanc et du jaune, avec ses breloques au ventre, ses favoris au menton et ses enfants à ses côtés.

On a construit sur une des tours, en dépit du bon sens le plus vulgaire, une rotonde vitrée pour faire une salle à manger. De là, la vue qu’on découvre est superbe. Mais le bâtiment est d’un si choquant effet, qu’on aimerait mieux, je crois, ne rien voir ou aller manger à la cuisine.

Pour regagner la ville, nous avons descendu par une tour qui servait aux voitures à monter jusque dans la place. La pente douce, garnie de sable, tourne autour d’un axe de pierres comme les marches d’un escalier et la voûte est, de place en place, éclairée par le jour rare des meurtrières. Les consoles où s’appuie l’extrémité intérieure de l’arc de voûte portent des sujets grotesques ou obscènes. Une intention dogmatique semble avoir présidé à leur composition. Il faudrait prendre l’œuvre à partir d’en bas, qui commence par l’Aristoteles equitatus (sujet traité déjà sur une des miséricordes du chœur de la cathédrale de Rouen), et l’on arrive, en suivant les transitions, à un monsieur qui s’amuse avec une dame dans la posture