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rendaient au sanctuaire, aux jours de grande solennité, trouvaient des logements préparés. » Bons Druides ! excellents ecclésiastiques ! comme on les a calomniés, eux qui habitaient là si honnêtement avec leurs familles et leurs nombreux élèves, et qui même poussaient l’amabilité jusqu’à préparer des logements pour les principaux de la nation.

Mais un homme est venu, enfin, qui, pénétré du génie de l’antiquité et dédaignant les routes battues, a osé dire la vérité à la face de son siècle. Il a su reconnaître en ce lieu les restes d’un camp romain, et précisément d’un camp de César qui n’avait fait élever ces pierres « que pour servir d’appui aux tentes de ses soldats et pour les empêcher d’être emportées par le vent ». Quelles bourrasques il devait faire autrefois sur les côtes de l’Armorique !

L’homme qui a restitué à César la gloire de cette précaution sublime s’appelait M. de la Sauvagère et était, de son métier, officier du génie.

L’amas de toutes ces gentillesses constitue ce qui s’appelle l’archéologie celtique, science aux charmes de laquelle nous ne pouvons résister d’initier le lecteur. Une pierre posée sur d’autres s’appelle un dolmen, qu’elle soit horizontale ou verticale ; un rassemblement de pierres debout et recouvertes sur leur sommet par des dalles consécutives, formant ainsi une série de dolmens, est une grotte aux fées, roche aux fées, table des fées, table du diable ou palais des géants, car, ainsi que ces maîtres de maison qui vous servent un vin iden-