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le rideau vient de se lever. — Il a plu toute la nuit, à travers mon sommeil j’entendais les rafales qui descendaient de la montagne de Delphes.

Ce matin le mauvais temps s’est calmé, nuages rouges quand nous sommes partis. Quelque temps après que l’on a quitté Castri, la route tourne à droite ; on a à sa gauche, tout en bas, le bois d’oliviers qui borde le ravin de Delphes et s’élargit une fois arrivé dans la plaine ; là, il y a une place vide, prairie, puis une autre grande masse d’oliviers. Au pied de la montagne sur laquelle on est, Crissa ; plus loin le golfe de Salona (en se retournant on aperçoit derrière soi les montagnes du Péloponnèse) au bord duquel est Galaxidi ; en face, sur les penchants de la montagne, de l’autre côté, trois villages : le dernier et le plus gros, Salona.

La route descend toujours, se tenant sur le flanc du Parnasse, que l’on suit dans la direction du Nord. La forme des montagnes qui sont de l’autre côté de la vallée en face est ainsi : un mur oblique dont la base s’appuie sur la vallée, le sommet de ce mur affecte la ligne droite, il est égal comme niveau ; là-dessus, un plateau ; puis, dans un plan plus reculé, les montagnes reprennent. Au niveau de ce plateau, des nuages se roulaient.

Nous descendons toujours, et nous nous trouvons au bord d’un large torrent à lit tout blanc, plein de pierres, nous le passons. L’eau coule sur la rive droite ; il se dirige du côté de la mer, bordé d’oliviers à sa droite. L’eau est toute jaune, elle roule la terre rouge des terrains supérieurs : la teinte rouge domine dans les montagnes de ce pays,