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chevaux. D’abord un bois d’oliviers, puis une lande, un bois de sapins, le village Apasso Samati, la route va entre un mur et un ravin, une plaine.

On commence à gravir le Pentélique. — Petits bois verts, sapinettes, caroubiers, et un arbuste à feuilles ressemblant assez à celles du laurier ou du pêcher, et dont les branches, lavées par la pluie, sont rouges et luisent comme de l’acajou verni. Les marbres blancs, blanchis par les pluies, sonnent sous les pieds de nos chevaux, qui descendent avec précaution. La plaine de Marathon paraît tout d’un coup, comme au fond d’un entonnoir ; à mesure qu’on descend, elle s’étend à gauche vers la mer, et elle recule devant vous. Là, dans le bois, au milieu de la montagne, nous avons rencontré sept ou huit chevaux tout seuls, sans mors ni brides, qui paissaient le makis ; hennissements ; pour nous laisser passer, ils sont montés sur les talus ou se sont enfoncés dans le bois. Vingt minutes après, au bas de la montagne en retour, à droite, village de Prana, déjeuner à une maison où l’on montait par un escalier en bois non sine lacrimoso fumo. — Sourd-muet, la figure écorchée par une chute d’âne, en allant chercher du bois, et qui geignait à chaque mouvement comme un malade.

Nous repartons au milieu de la pluie battante, nos chevaux enfoncent dans la terre labourée ; nous piquons à travers la plaine, droit au tumulus, en face la mer, nous y faisons monter nos chevaux ; pour voir un peu, nous sommes obligés de leur tourner la croupe contre le vent. Sur le tumulus, sillonné par la fente d’un ruisseau, quelques petits arbrisseaux sans feuilles. Le vent