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derviches de Scutari, l’iman monte sur le corps d’enfants de 4 à 5 ans ; on passe, sous le souffle des derviches, des vêtements de malades. — Beauté pontificale du fils de l’iman, qui ne se fatigue pas. — Un derviche déguenillé, nu-tête, moins de férocité que la première fois ? — Le soir, dîner à l’Hôtel d’Angleterre, chez M. de Saulcy.

Vendredi 29. — Vu le Sultan à son entrée dans la mosquée de Fondoukli ; la place devant la mosquée encombrée de chevaux et d’officiers étranglés dans des redingotes. Il faut encore plusieurs générations pour qu’ils s’y habituent. Nous étions au bord de l’eau, à côté d’un mur en ruines. — Femmes ; on a voulu nous faire déloger pour que nous ne restions pas avec elles, elles sont venues de notre côté trouvant que la place était plus commode pour voir, les cawas n’ont pu les faire s’en aller de là. Le canon des forts a annoncé le Sultan. — Premier caïque, portant deux pachas à genoux, tournés vers le second où était Sa Hautesse ; caïques blancs bordés d’un ruban d’or, tendelet à l’arrière, rampe d’argent à celui du Sultan. — Il a l’air profondément ennuyé, petit jeune homme pâle, à barbe noire, nous a regardés fixement, tournant la tête à droite. — Manière particulière de ramer de ses caidjis : ils se lèvent et saluent, tout en ramant ; les boules du premier bras de levier de l’aviron m’ont paru moins grosses que celles des caïques ordinaires.

Danses des jeunes garçons dans un café de Galata. Dans une petite chambre, trois jeunes imbéciles, en habits grecs surchargés de broderies, se contorsionnent sans verve ; un seul, noir, commun, mais vigoureux et à très belle cheve-