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Sur le bord de la route, dans les buissons, petites fleurs bleues.

Andvitzena, 8 heures.

Lundi 3. — La vallée va du Nord au Sud, contrairement au sens dans lequel nous y arrivons. Ce n’est pas une vallée proprement dite, mais une portion de pays, que nous dominions hier au soir, et qui, pour nous, couverte de mamelons et de petites vallées, s’en va vers notre gauche.

En partant d’Andvitzena, la route descend d’abord. — Montagnes stériles, grises, couvertes d’une verdure rare, puis de chênes ; de temps à autre une fontaine. — Une place sur une pente, comme une petite prairie inclinée ; au bout, un bois d’arbustes. — Le chemin sous la voûte verte ; comme François devant nous y entrait, en est sorti un troupeau de chèvres. À propos de chèvres : sur une grosse pierre à pans presque à pic, groupes de chèvres (je m’étonne toujours à considérer comment elles peuvent se tenir sur des pentes semblables) ; elles étaient posées, immobiles, quand nous sommes passés, chacune dans sa posture, comme si elles eussent été de bronze.

Nous nous trouvons au bord d’un fleuve, éparpillant ses eaux en plusieurs branches sur des grèves blanches étendues ; il est bordé d’arbustes sans feuilles, à couleur grise, lavandes, ligaria, etc., de temps à autre un sycomore, dont le tronc blanc saillit de loin. Des deux côtés de la vallée où tourne paisiblement le fleuve, montagnes de hauteur moyenne, d’un ton généralement roux : c’est l’Alphée, nous le passons à gué, ayant de l’eau jusqu’au-dessus du genou, l’eau m’entre par