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sidérablement. À 11 heures et demie, le commandant de la gendarmerie, chez lequel Max a été pour s’informer s’il est nécessaire de prendre une escorte, vient nous faire une visite et reste une grande demi-heure à nous assommer en causant politique.

Il fait du vent et froid, le temps a l’air de se décrasser un peu ; nous sortons de Sparte, escortés de deux gendarmes, nous retournons au théâtre. Il n’y a plus guère que la forme demi-circulaire, en terre, et deux assises ou bouts de mur en pierre de chaque côté. Les agneaux, dans leur espèce de parc rond, tournent en rond et bêlent tous.

Nous suivons la même route qu’hier, entre les collines vertes et l’Eurotas, ce sont de petits mamelons qui se succèdent ; sur les bords du fleuve, carrés verts, roseaux, des mûriers, des peupliers blancs mais rares, iris, euphorbes ; de l’autre côté du fleuve, l’espèce de mur rouge et droit, à ligne nette par le sommet uni.

Le Taygète va en s’abaissant à mesure qu’on le suit dans la direction de l’Ouest ; les crêtes de ses mamelons longitudinaux sont grises, les entre-deux vert foncé et couverts de sapins, ce qui renfonce des ombres, des creux, les parties proéminentes étant dans la lumière ; le sommet est couvert de neige, et les neiges de nuages, ils s’entassent de ce côté, sur la montagne, et laissent graduellement toutes les autres parties du ciel plus pures.

Suivant toujours le pied du Taygète, ou plutôt de la petite chaîne basse de collines qui lui fait bourrelet, nous quittons bientôt l’Eurotas, et nous nous trouvons sur les bords d’un fleuve de même