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enveloppés dans des couvertures. — Le matin, à 5 heures, la pluie tombe.

Vendredi 18, partis à 7 heures du matin. Tout le temps de la route sous des pins ; à gauche, un ravin que l’on passe et repasse cent fois ; des veaux tranquillement paissaient dans un cimetière planté de chênes ; ailleurs une tombe d’où s’élèvent trois bâtons qui supportent une guenille rose, laquelle pend par son poids et fait guirlande. Je ne saurais dire combien cela m’a frappé, j’en retrouve une tentative d’esquisse sur mon calepin.

Déjeuner dans un café où sont arrêtés plusieurs Turcs.

Descente qui domine la plaine, entourée de montagnes, au fond de laquelle est Milassa ; à gauche, ravin profond, rochers de forme quadrilatérale entassés les uns sur les autres.

Le chemin que nous avons fait aujourd’hui a par moments des allures forêt de Fontainebleau (sauf les sapins toutefois) ; nos chevaux marchent sur un sol doux, capitonné par les petites branches rousses des sapins tombées. Quand nous sommes près d’arriver à Milassa, le ciel, à notre droite, est couvert de nuages, et la pluie, telle qu’un grand rideau gris bleu entre les gorges, tombe sur les montagnes que nous venons de quitter ; l’autre côté du ciel est assez pur, bleu avec quelques nuages blancs. Il y a du vent, la pluie semble imminente, Sassetti met son manteau, Maxime son paletot, je les imite.

Milassa. — Rues assez longues, eau croupissante au milieu, la boue remuée par les pieds de nos chevaux est infecte. On nous fait attendre dix minutes au conac.